LA BOLSA DE BIELSA

LA BOLSA DE BIELSA, fue el último de los episodios bélicos de la guerra española entre los sublevados y el ejército de la República en el Frente de Aragón. Simbolizando la tenaz resistencia de "LA 43" División Republicana.
El éxodo de población civil, unos 5000 hacia Francia fue un ejemplo de organización y solidaridad del ejercito republicano con el pueblo Aragonés.

23/10/16

13 de Octubre. Homenaje en Luchón. HOSPICE DE FRANCE


Muchos fueron los testimonios que se oyeron ese día. Un niño de seis años (octogenario ya) llamada Domingo Murillo rememoró la huida, mordiéndoles los talones los fascistas, a lo largo de cuatro día.
También el adolescente incansable del nonagenario Martín Arnal (16 años en el momento del paso y con dos hermanos asesinados detrás) tuvo fuerza y arrojo para explicar su odisea. Como también lo hizo Guillermo Viú (la nieve, siempre el espesor de la nieva y el frío) que reprodujo testimonios orales de la familia.

Y, quizás, por la sensibilidad y la emoción que contagió a todos quienes la escucharon en un impresionante silencio, merece la pena reproducirse aquí la intervención (ora en español, ora en francés) de nuestra compañera y hermana tricolor Chantal Penicault. Dice así:



Intervención de Chantal Pemicaut Gorrindo

Comme nombre de personnes de cette assemblée, je suis fille de républicains espagnols. Ma mère était originaire de Leciñena, près de Zaragoza,mon père de Garde, Valle de Roncal en Navarre.  La jeune sœur de mon père née en 1934 s'appelait Libertad, c'est dire s'ils étaient républicains.

 Quand la guerre civile éclata en juillet  1936, la Navarre est tombée de suite aux mains des franquistes. Mon père, Demetrio GORRINDO et son père Juan, ont du quitter leur village précipitamment, dénoncés par un cousin. Ils sont passés par la montagne en zone républicaine, en Aragon, et s'engagèrent dans l'armée populaire de la République Espagnole.
Ils ont combattu du côté de Tardienta. En mars 1938, ils étaient à Benasque et quand la ville est tombée, ils sont passés en France par le Port de Vénasque, seule issue pour éviter la mort, parmi des milliers de républicains , civils et militaires.
Mais ils sont repartis aussitôt en Catalogne, comme nombre de sodats, continuer le combat anti-franquiste. A la chute de Barcelone, la guerre était perdue pour ces valeureux combattants de la Liberté. En février 1939,  500 000 républicains espagnols, femmes, enfants, soldats ont franchi la frontière française poussés par les bombes franquistes.
C'était la Retirada. En France,  ils ont été internés, si on peut employer ce mot, dans le camp de concentration d'Argelès, puis ont été enrôlés dans les Camps de Travailleurs Etrangers, sur le mur de l'Atlantique. Ensuite, ils sont arrivés dans le Comminges où ils ont repris leur profession de bûcherons. Mon père a connu ma mère et a fait sa vie ici. La famille de ma mère, Juanita ESCANERO, a connu un exode intérieur de plus de 2 ans, reculant vers la Catalogne au fur et à mesure que les franquistes avançaient.

Mon grand-père, lui, qui avait laissé sa femme et ses 7 autres enfants au village en Espagne, a décidé de repartir, c'était vers 1941. Il a été emprisonné quelques jours à Jaca puis a rejoint sa famille au village. Il a repris son travail de bûcheron avec son plus jeune fils. En 1944, ils ont été victimes tous les deux d'un accident, électrocutés par une ligne électrique tombée au sol depuis quelques jours.  Mais était-ce vraiment un accident? Mon oncle était âgé d'à peine 15 ans! Ma grand-mère, restée seule avec 6 enfants n'a reçu aucune aide; au contraire, les franquistes lui ont pris la mule qui servait au débardage du bois, ainsi que des meubles. Mais pour d'autres ce fut pire!

L'après guerre a été terrible pour les républicains restés ou revenus en Espagne. Dans certains villages, les femmes ont été tondues, les franquistes les forçaient à boire de l'huile de ricin pour les rendre malades et les exhibaient dans le village en leur chantant des chansons. Humiliations, viols parfois, mais aussi de nombreux emprisonnements et exécutions, uniquement parce qu'elles étaient au parti communiste par exemple, comme les 13 roses, ces jeunes femmes fusillées en août 1939 par les franquistes.

Les républicains ont aussi été condamnés aux travaux forcés. Entre 1939 et 1945, ils ont construit des barrages et des routes, en particulier dans les Pyrénées. Nous participons à l'hommage à ces esclaves du franquisme, à Igal,  en Navarre. Là, chaque année, témoigne Luis ORTIZ ALFAU (il fête ses 100 ans aujourd'hui même),  qui après avoir été "interné" en 1939 dans le  camps de concentration de Gurs, dans les Pyrénées Atlantiques, est retourné en Espagne et a été condamné à ces travaux forcés.  Il témoigne aujourd'hui au procès de l'Argentine contre les crimes franquistes.

Nous étions également en décembre 2014 à Huesca, pour l'inauguration du Parque Mártires de la Libertad, créé par l'association  El Círculo Republicano de Huesca, en hommage aux 545 républicains, hommes, et femmes aussi, fusillés par les franquistes entre 1939 et 1945.

Et les fosses franquistes : 110 000  républicains disparus, enterrés ou plutôt jetés dans ces fosses. Un travail phénoménal se fait en Espagne, pour les ouvrir, identifier les ossements et leur donner une sépulture décente, en présence de leur famille.
Oui, la répression post guerre a été terrible en Espagne, et a duré des années, sans compter la chape de plomb qui s'est abattue sur eux, la peur de parler. La parole s'est libérée il y a peu.

Les Républicains Espagnols ont souffert également en France, d'abord par cette amère défaite, puis par les conditions d'accueil qu'ils espéraient autres : les hommes (dans certains cas des femmes et des enfants aussi) enfermés dans les camps de concentration, cernés par les barbelés et gardés par les tirailleurs sénégalais. Mais les familles, femmes, enfants, personnes âgés, ont été mieux accueillies, dans des refuges. A St Gaudens, la famille de ma mère a été aux Haras de St Gaudens une dizaine de jours (ils étaient 320) puis au refuge de Miramont. Ils se sont intégrés et nous ont légué leurs valeurs, les valeurs de la République.

Et de nombreux républicains espagnols ont continué le combat antifasciste en s'engageant dans la Résistance lors de la 2de guerre mondiale, comme Martín ARNAL, ou dans la légion étrangère comme Jean RUIZ de St Gaudens ou comme mon oncle Aurelio ESCANERO. M RUIZ s'est engagé dès mars 1939 depuis le camp d'Argelès. Il a combattu en Afrique du Nord et a été fait prisonnier en Tunisie en 1943. Il a été envoyé dans un camp de concentration en Pologne  d'où il a été libéré par les russes en juin 1945. Deux mots reviennent : froid et faim.  9 ans de guerre pour tous ces jeunes, à défendre la République et la Liberté. Nous sommes extrêmement fiers d'eux.



Notre association s'appelle MEMORIA Y EXILIO : l'exil, ils l'ont connu, et la mémoire, nous la transmettons, nous, leurs enfants et petits enfants. Merci aux professeurs qui enseignent cette histoire méconnue, et merci aux élèves de s'y intéresser.

Muchas gracias a las asociaciones republicanas de Barbastro, Bielsa, Huesca y Monzón por haber venido en este homenaje. Recordandonos la excursión que hicimos con Rubén y sus amigos, en este camino del exilio en junio del año pasado. Muy símbólico encontrarse las 2 asociaciones en el refugio de Benasque, tras haber subido cada uno de un lado de este Puerto.
 L'an dernier, avec l'association La Bolsa de Bielsa, nous avons parcouru ce chemin de l'exil, montant chacun d'un côté du Port de Vénasque. Notre rencontre au refuge du Vénasque était très symbolique et un moment très fort pour nous.


Pour finir, merci à toutes les associations, françaises et espagnoles, pour le travail qu'elles accomplissent et pour nous avoir permis de mieux connaître l'histoire de notre famille. Et merci à notre Président, Jules Estaran.

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